Pharaons, la peur aux doigts ?

Article : Pharaons, la peur aux doigts ?
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17 novembre 2013

Pharaons, la peur aux doigts ?

Je me souviens encore de ce match de Kumasi. De l’ambiance morose à Alexandrie aussi. Ce 15 août passé, les Black Stars du Ghana n’ont pas fait les choses à moitié. Les Pharaons ont vu le feu. Au pays, les égyptiens étaient aussi au rendez-vous, devant leurs petits écrans. Avec courage, ils ont compté les buts encaissés, l’un après l’autre, par Sherif Ekramy et les siens. A les voir, vieux et jeunes calés devant la télé c’est comme s’ils découvraient cette équipe ghanéenne pour la première fois. Rodrigue et Dodé, deux amis béninois vivant aussi à Alexandrie ne se font pas conter les matchs. Leur réflexe c’est de s’acheter un drapeau égyptien pour faire croire leur soutien aux Pharaons. Et pourtant, leur cœur battait pour le Ghana et leur minois s’attristait au rythme du match. Solidarité oblige !

équipe_Egypte_Football

Le lendemain, je prends le bus pour me rendre dans un quartier voisin. Je suis assis devant, coincé entre deux égyptiens. Je me concentre sur mon trajet, tentant de donner un air évasif. Le chauffeur me regarde et me lance : « Ghana ? ». Je réponds : « non, Benin ». Son visage se froisse. Certainement qu’il se demande si c’est aussi un pays. Quelques jours plus tard, un ami me raconte sa petite rencontre avec deux jeunes gens qu’il ne connait pas. Ils l’approchent et l’apostrophent : « Ghana ? ». Lui, il accepte. Excités à l’idée d’avoir rencontré un ghanéen, ces jeunes égyptiens lui proposent de prendre une photo à trois, les doigts décomptant le score 6 – 1.

Pendant une de mes randonnées pédestres, la même question m’a été posée. D’un air décomplexé, j’affirme que je suis égyptien. Bien sûr, mon interlocuteur n’a pas cru à ma blague, mais je l’ai rassuré que l’Egypte sera au rendez du Brésil 2014. Leurs pronostics pour le match retour prévu pour le 19 novembre au Caire, sont toujours des scores fleuves en faveur des Pharaons : 7 – 0, 10 – 1, 8- 1. Que pouvais-je dire d’autre ?

Les égyptiens, malgré la déculotté 6 buts à 1 à l’aller, y croient dur comme fer. Ils attendent participer à cette grande messe du football depuis 1990. Ils vont devoir compter sans leur m(M)essi : Aboutrika. Buteur à l’aller sur penalty, et pensant ne pas pouvoir faire un miracle pour son équipe au retour, il a mis un terme à sa carrière. Pour conserver toutes leurs chances, le match va se dérouler en Egypte malgré le scepticisme affiché du côté du Ghana. Dans l’actuel contexte de crise politique, certains égyptiens, non moins supporteurs de leur équipe nationale, souhaitent la défaite. Pour ceux-là, la défaite des Pharaons, c’est la défaite de l’actuel gouvernement et de l’homme fort du pays, le général.

Je ne vais pas être l’oiseau de mauvais augure. Sauf miracle, les chances pour les égyptiens de participer au prochain mondial de football au Brésil sont insignifiantes. Ils le savent certainement aussi, mais refusent de l’admettre. Pour l’heure, le Ghana inspire respect et admiration aux égyptiens même si leur rêve de participer enfin à la coupe du monde est là. Du match retour prévu pour le mardi 19 novembre prochain, les ghanéens ne craignent rien, à part pour leur sécurité. Par contre les égyptiens doivent craindre à nouveau pour leur filet malgré leur détermination.

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