Djossè TESSY

Dealer d’émotions

Ils ont des menottes, un canon, une gâchette, et des cartouches,
Créateurs, vous avez des pinceaux, des couleurs gaies, une toile,
Des mots, ô poète, qui distillent nos maux, telle une fumée de bois,
Vous avez des caisses qui résonnent loin dans le futur,
Qui bercent l’enfant dans les entrailles de sa mère,
De l’argile pour immortaliser le mortel,
Vous avez entre vos doigts, la joie de nos coeurs,

Eux, ils ont la force dans leur main, dans leur gâchette, dans leur vesteemotion
Ils ont des ordres pour faire du désordre,
Et nous avons nos deniers pour les remercier
Mais vous, créateur sans conspiration, vous avez votre inspiration,
Vous pensez autrement notre maintenant et nos étoiles dans vos toiles,
Vous agissez en silence, avec votre conscience,
Vous créez, réagissez pour dire, voir et faire voir autrement
Vous les dérangez avec votre bonhomme déformé en aquarelle,

Eux, ils n’ont que le pouvoir de la force,
La force qui déçoit par son arbitraire,
Mais artistes ! Vous avez la force du pouvoir,
La force de penser par votre imagination imagée
La force de nous faire rêver d’un monde plus juste
Vous savez nous montrer la beauté de notre monde immonde,
Artistes, ne fléchissez point !


Chronique alexandrine 2 : La misère du besoin

Je vous livre dans « Chronique alexandrine », les tribulations de Patou*, un jeune béninois vivant à Alexandrie. Par ses pérégrinations, je vous fais découvrir la vie en Egypte. Vous allez aimer lire la première chronique : Partir ou rester .

En venant en Egypte Patou, le jeune étudiant béninois, a bu quelques conseils de ses aînés et de ses parents. Sa mère lui disait surtout : « tu vas là-bas pour étudier…attention aux filles ! Tu sais, tu es l’espoir de la famille et tu n’as pas droit à l’erreur. Fais attention à toi et concentre-toi sur tes objectifs ». Et sourire aux lèvres, son « oui » était presque automatique. Un « oui » hypocrite ou naïf ? C’est comme si maman ignorait totalement que Patou, entre ses cours et ses devoirs, devrait aussi se récréer, se récréer l’esprit, se récréer le corps, profondément et intimement. Elle avait oublié que les pauses café et les escales shisha ne feraient que “coefficier” sa faim des rondeurs ou sa soif des sveltesses. 
Le corps d’un jeune homme aussi bien apte que mûr a des vibrations qu’aucune drogue au monde ne saurait calmer. Le corps a aussi besoin de son festin. Maman parlait de tout, sauf des belles sensations de l’homme. C’est vrai, elle est de l’ancienne école africaine, qui veut qu’on évite ces sujets-là avec les enfants pour ne pas attirer leur attention. Mais Patou a grandi et bientôt trentenaire, il s’est forgé ses propres expériences au fil du temps. Donc, il connait surtout son agilité à cueillir de belles fleurs. Tout ce qui est son opposé charnel l’attire, comme dans la fameuse loi des aimants.

Il y a quelques jours, Patou s’est installé à Alexandrie. Une belle ville qui forme un arc tout au long de la méditerranée. Il n’hésite pas à s’offrir des ballades vespérales sur la corniche pour contempler le bleu de la méditerranée et ces milliers de personnes qui vont et viennent dans tous les sens. Mais en réalité il a un œil affûté, amoureux des formes charnelles, farouches et électrisantes. Il n’hésite pas à rendre hommage à l’être suprême pour avoir sculpté des pareilles créatures.

A travers ses randonnées, Patou avait donc un autre besoin à satisfaire : le « rince œil ». Il retrouve chez les jeunes alexandrines, l’incarnation même de la beauté comme l’est Néfertiti. Elles sont fines, le visage angélique dans le voile qui devient très souvent un accessoire de mode. Elles sont maquillées telles des poupées Barbie et imbibées de parfum.

Parmi elles, il y en a qui lancent des sourires techniques à des inconnus. En testant ce sourire qui l’envoie sans condition au septième ciel, Patou joue avec le feu. Il aime poser son regard sur ces filles d’une beauté rare et pourtant imparfaite, qu’il contemple avec délectation. Mais dans son for intérieur, il sait que son bonheur ne peut se trouver là. En Egypte, il n’y a pas de flirt comme il est courant avec les jeunes 2.0. Toute relation commence par un projet de mariage et finit par le « débouchonnage » le soir du mariage, au milieu des slaves de pétards : c’est le principe. Il y a un culte et une culture de la virginité. La jeune mariée, qui a le malheur de l’égarer en chemin, est considérée comme l’incarnation de la honte, une infamie pour sa famille. C’est même un crime et pour cela, elle est rejetée ; chez les extrémistes, exterminée. Il est d’ailleurs impossible de les aborder, peu importe le lieu où les circonstances, sans craindre qu’un égyptien intervienne pour y mettre fin. Le plus souvent, elles sont promises depuis le berceau. Patou connait les risques à désirer une égyptienne devant ces regards foudroyants et dissuasifs. Un couteau dans la gorge ou dans le cœur. Parce que l’acte est Haram, un interdit sévèrement réprimé. Comme pour rappeler que le cœur des Egyptiennes est réservé aux Egyptiens. Donc, il est hors de question de chercher à s’amuser avec le cœur (ou le corps) d’une pharaonne.

Patou ne traîne pas seul son vice et sa misère. Il a avec lui, toute cette horde de jeunes étrangers vivant en Egypte et peu habitués aux manières de faire aux pieds des pyramides. Les uns suppliant le ciel de mettre sur leur route une égyptienne, et les autres cherchant à faire fortune dans la petite communauté d’étrangers : l’un n’exclut pas l’autre. Dans ce contexte, les désirs du corps semblent être une question de vie et de survie. Sur le peu de possibilités qui existent, on s’accroche, on s’agglutine, on se bouscule, on se mélange : les libres et les occupés, les jeunes et les moins jeunes, les beaux et les beaux (tout le monde est beau dans ce contexte hein !), les intelligents et les malins. Enfin, il n’y a plus de distinction. Les contrats et engagements pris au pays sont mis en quarantaine, le temps d’une petite audace et d’un peu de chaleur dans le froid hivernal qui sévit à Alexandrie. Les vrais goûts s’effritent sur la seule question de l’extase du moment. Et même ce qui ne couterait rien en période normale (je n’exagère pas), se vend à prix d’or. L’irrationalité s’installe. Patou s’étonne de l’alchimie de la misère, la misère du besoin qu’il n’est plus seul à connaître. Une misère qui transforme des « jamais » en silence : le corps a ses raisons que la raison n’ignore plus. Que diable a créé ce vice, l’homme et la femme ! Dans ce pays, il est difficile d’offrir au corps son luxe, son orgasme ou encore son culte même quand on en a les moyens. Patou l’a appris à ses dépens. Et justement ce qui l’intrigue, c’est qu’à côté de la misère du besoin, Patou découvre aussi une autre réalité : la misère de l’avoir. Ceux qui ont les bras bien encombrés et peinent à s’acquitter des obligations contractuelles.

*Patou est un nom imaginaire, le récit est inspiré d’histoires vraies.


Chronique alexandrine 1 : Partir ou rester ?

Je vous livre dans « Chronique alexandrine », les tribulations de Patou*, un jeune béninois vivant à Alexandrie. Par ses pérégrinations, je vous fais découvrir la vie en Egypte. Bonne lecture !

Tout est prêt pour rejoindre la république arabe d’Egypte.

Alexandrie, l’une des plus grandes villes du pays des pharaons, fascine le jeune Patou, fraîchement admis à l’Université Senghor, opérateur direct de la Francophonie. C’est aussi la fièvre de cette bonne nouvelle dans sa famille. Il y a deux mois, son frère aîné est rentré définitivement de la France, après trois années de formation dans une grande école militaire. Et c’est au tour d’un autre membre de la famille de partir, pour deux années. Partir est souvent assimilé à la réussite, à la prospérité, dans les sociétés africaines, où les proches au pays, ont une vision paradisiaque de l’ailleurs. Tout le monde est joyeux à la maison. Passée l’euphorie, Patou doit se concentrer sur son voyage, régler les derniers détails et penser à ses nouveaux projets. Mais de l’autre côté, au Caire, les nouvelles ne sont pas bonnes. Le peuple égyptien a entamé sa deuxième révolution. Il est dans les rues et son président vient d’être déposé quelque part en prison. Patou ne laisse pas transparaître sur son minois, une seule seconde d’inquiétude. Mais son ventre se retourne chaque fois qu’au journal de 20 h, on annonce : « attentat à la voiture piégée au Caire, bilan : 20 morts et des centaines de blessés… ». Pour certains commentateurs, ce sont des martyrs et toute révolution choisit ses morts. Comment les choisit-elle ? Patou se rappelle qu’à l’entretien, constitutif de la dernière phase du concours d’entrée à l’Université Senghor, l’examinateur lui a demandé : « pensez-vous pouvoir vous adapter en Egypte ?» et sa réponse toute faite : « mais bien sûr, ça fait 5 ans que je ne vis plus avec mes parents, et je saurai m’adapter, sans grande difficulté… » ; « la vie en Egypte est différente… », lui avait lancé son interlocuteur.  Il se rappelle que suite à cette phrase, une profonde angoisse lui a remonté un chat dans la gorge. Jusque-là, il ne se doute pas que la question n’était pas venue comme par hasard. Il y a bien quelque chose à savoir. Les jours s’écoulent et dans le for intérieur de Patou, il y avait souvent un rendez-vous intime, entre son cœur et sa tête, pour décider. Décider de partir ou de rester ? Il remarque que sa mère, la femme la plus courageuse qu’il a connue ici-bas, laisse quelques fois transparaître son inquiétude. Mais son frère, désormais officier de l’armée béninoise, le plus avisé de la famille sur les questions de sécurité, essaye de rassurer tout le monde, que rien ne se passera. Patou, ne savait pas pourquoi son frère à chaque fois, se veut aussi rassurant. Il lui fait confiance de toutes les façons.

C’est le jour du voyage. Toute la famille s’est réunie autour d’un pot pour fêter le départ de Patou. Départ de Cotonou, une escale à Casablanca et il se livre aux premières comparaisons. Déjà, il avait entendu parler de Casablanca dans les livres, à la télévision…Quand il découvre l’aéroport où il doit changer d’avion, il s’imagine ce que le sous-développement à fait de son pays, un crime comme il se l’a murmuré tout nerveux et souriant. Il a une, deux petites heures pour contempler le subliminal aéroport de Casablanca, avant d’embarquer à nouveau, en partance pour le Caire.

Trainée d'avion Source : wikipedia
Trainée d’avion Source : wikipedia

Pendant le vol, Patou se refuse au sommeil et observe tout surpris l’appareil planer au-dessus des nuages. Le moindre bruit qu’il entend, l’intimide. Il n’avait jamais su que l’avion peut bien avoir des secousses, comme les voitures sur des routes de Cotonou. Après plus de quatre heures de vol, l’avion atterrit vers 19 heures. Le ciel s’est assombri sur la métropole. Les gens ont applaudi les membres de l’équipage et s’en est suivi une agitation généralisée. Patou, qui vient de faire son baptême de l’air, a envie d’aller serrer la main du pilote, pour le remercier. Il n’en aura pas l’occasion. Un représentant de l’université attendait déjà la délégation d’étudiants béninois, qui avait annoncé son arrivée. Une fois les formalités finies, la délégation a pris la route vers l’hôtel pour une première nuit. Il y avait un calme impressionnant, mais un contrôle aussi présent à chaque kilomètre près. C’est l’application du couvre-feu qui venait d’être décidé par les autorités égyptiennes. Patou a connu l’uniforme militaire de son frère, mais n’avait jamais vu de ses propres yeux des soldats aussi armés. Il vient d’un pays qui, depuis une vingtaine d’années, a retrouvé sa stabilité et dont la puissance militaire comparée à celle de son pays hote, un poulet à côté d’un vautour. Les blindés militaires et ces soldats, les yeux rouges sang et les canons pointés vers un ennemi imaginaire, l’effraient. Il contrôle son regard, même si par moment, sa curiosité ne le lâche pas. Pourtant, à quelques mètres de ce point de contrôle, il y en a qui marchaient dans la rue et ne s’empressaient nullement. Les restaurants sont bien ouverts et accueillent des clients. Bienvenu dans un nouveau monde. C’est le début d’une longue aventure pour Patou !

* Patou est un nom imaginaire. Le récit est inspiré d’une histoire vraie.


Nagui, je t’invite en vacances au Bénin !

Très cher Nagui,

Je t’écris depuis Alexandrie. Te souviens-tu, cette belle ville où tu as poussé tes premiers cris ? Tu es peut être surpris que, depuis mon petit coin, je te donne de mes nouvelles. Tu n’en as sans doute pas besoin. J’aime bien ton émission  et la façon dont tu l’animes. Il y a peu d’animateurs qui ont ton talent et ton humour. Mais, mon souci, c’est que je n’aime pas toutes tes blagues. C’est vrai que ça ne regarde que moi, parce qu’il y a des millions de spectateurs qui, tous travaux cessants, viennent te suivre.

Il y a quelques jours, j’ai été identifié par des amis sur une photo publiée sur Facebook. Elle te montre posant une question aux joueurs de ton émission :

« Depuis août 2014, dans quel pays est-il fréquent de voir des casseroles sur la tête des motocyclistes ? ».

Comme réponses au choix, tu proposais « Le Gabon » et « Le Bénin ». Peut-être que la question ne vient pas de toi, et lorsqu’on te l’avait proposé, tu y avais tellement trouvé d’humour que tu l’as posé. Sur la photo, tu as le visage souriant, légèrement grimacé comme d’habitude. Tu n’étais pas tout aussi perturbé que moi. Sauf que moi, en t’écrivant actuellement, je ne souris pas. J’ai le visage grave.

Nagui

Je te donne une définition de « casserole » telle que proposée par le Petit Robert 2014 :

« Ustensile de cuisine servant à la cuisson, de forme cylindrique, à manche ».

Des « casseroles sur la tête des motocyclistes » au Bénin ? Je suis certainement mal informé. Et tu voudras bien prendre le fait que je n’ai pas accès à France 2, comme mon excuse. En août 2014, moi j’étais au Bénin. Je doute fort que tu y étais toi aussi. Si non, on n’a pas été aux mêmes endroits et vu les mêmes choses. Les casseroles, moi je les ai vus dans la cuisine de ma mère. Quand elles sont sur le feu, il y a de ces saveurs épicées qui m’empêchent de me concentrer sur le film que je suis. Quelque part chez la vendeuse de pate de maïs ou d’atassi, il y avait de grosses casseroles multitâches, au derrière noircit par le feu de bois. J’ai vu aussi des casseroles en vente au marché Dantokpa à Cotonou. Parles-tu de ces mêmes casseroles ?

Cher Nagui, le temps où en Afrique il n’y avait que des singes, des arbres et des lianes pour se déplacer, est révolu. Le temps où de l’Afrique, on dit que n’y vivent que les barbares, est dépassé. Et même ces discours, j’ai toujours pensé qu’ils sont de ceux qui ne sont jamais allés en Afrique. De ceux qui ne connaissent pas l’Afrique. Ceux qui n’ont pas les moyens que tu as pour échapper à la bêtise. Au moins, toi tu y es né ; du moins quelque part sur ce continent. Donc je suppose que tu la connais en partie. C’est pour cela que je suis surpris par ta question. Chez moi, il y a des casques pour la protection de nos têtes et des casseroles pour faire la cuisine. Nous ne marchons pas sur les mains. Chez nous, nous essayons de faire les choses petitement, sans trop nous endetter. Sans obliger des gens à dormir dans la rue. Nous n’avons pas beaucoup d’animateurs de ta trempe, mais ils essayent de ne pas dire des stupidités. Aujourd’hui, il y a internet fort heureusement. L’Afrique est connectée, mon Bénin aussi. Donc, il y a de ces clichés qu’il faut vite enterrer, parce que chez nous, on est bien dans la tête, dans le cœur et dans la peau.

Ce n’est peut-être pas ta faute. Parce qu’il y a des milliers de jeunes et de vieux du monde qui rêvent de venir en Afrique. Ces personnes, des gens comme toi leur ont dit que nous portions des cache-sexes à la place du pantalon. Que nous ne parlions qu’un étrange charabia. Que nous nous déplacions avec des lianes. Que nous n’avions pas internet. Que notre pauvreté fait que nous mourrons très tôt de faim. Que nous portions des casseroles à la place des casques…

Nagui, on va trouver une solution. Peut-être qu’à ta retraite (qui ne doit pas être très loin), tu décideras de vivre au Bénin jusqu’à la fin de tes jours, qui sait ? Pour l’instant, je t’invite en vacances au Bénin l’été prochain. Ton salaire d’animateur suffirait pour t’offrir tous les voyages sur cette terre. Mais peut-être que tu ne trouves pas opportun de dépenser, ne serait-ce qu’un seul centime, pour aller au Bénin. Mes pauvres sous ne pourraient suffire à payer ton billet en classe affaire. Néanmoins, si tu partages mon idée, je vais lancer une souscription volontaire pour demander à ceux qui aiment l’Afrique et le Bénin, de m’aider à t’acheter un billet d’avion. Je t’hébergerai chez moi à Porto-Novo. Ce n’est pas le luxe, mais on y vit bien. Je t’emmènerai à Ouassa-Pehunco, à Matéri, à Dassa-Zoumè, à Covè, à Zè, à Ouidah, à Grand-popo ou à Cotonou si tu préfères. Là, tu pourras voir avec tes propres yeux les casseroles sur la tête des motocyclistes.

Bien cordialement.

Djossè.


L’aventure continue, toujours plus belle

Il y a quelques douze mois maintenant, quand a commencé mon aventure avec Mondoblog, j’étais loin de m’imaginer combien belle elle sera. L’annonce de la sélection faite, il fallait créer son blog. Le plus important, c’était le choix du nom du blog et de son adresse. Pour le nom, j’ai pensé à des noms basiques ou encore des noms beaucoup plus sérieux. En faisant un tour sur la plateforme de Mondoblog, j’ai vu que ceux qui étaient n’ont pas taris d’imagination. Que faut-il dire pour sortir de la masse ? Je ne voulais pas un nom avec une connotation « Bénin » ou « Afrique ». Je ne voulais pas parlé que de l’Afrique. Je voulais dire mes émotions, mes étonnements de tous les jours. En quelque sorte, donner Les news de mon coin. Cette phrase, qui s’est imposée à mon moi me paraissait un peu longue pour être un nom. Cela dit, je me suis arrêté là et j’ai décidé d’appeler mon blog ainsi. La réflexion fut plus courte pour l’adresse, même si elle n’a pas été sans hésitation. Faire de mon patronyme Tessy une composante de mon adresse, était pour moi quelque chose de court et naturelle. Et de là, les bonnes choses ont commencé.

Une autre Alexandrie, l’alpha
Alexandrie en Egypte ! J’ai découvert en septembre 2013, une ville et un pays splendide (avec mes yeux de béninois bien sûr). En pleine révolution pourtant. Les médias n’en disent que d’étonnantes choses et même pour y aller, il faut réfléchir par mille fois. Mais loin des caméras, le pays vit, hormis quelques cas de violences déplorables. Ce premier billet, relayé notamment sur la page d’accueil de Mondoblog, m’a montré la force des mots et combien il est important de donner des nouvelles de proximité. Des nouvelles qui apaisent les parents, frères, amis, soucieux de nos vies sur ces terres préjugées d’insécurité. Et pourtant on y vit parfois mieux que chez soi.

Une plume, des milliers d’yeux
Dans cette aventure, parfois, je me suis demandé où vais-je et quel est le sens de mes mots ? Puis, chemin faisant, je me suis rendu compte qu’il s’agit avant tout d’une expérience humaine. Du bonheur à retranscrire et illustrer son quotidien, ses émotions, ses surprises. Et il y a des milliers autres qui se retrouvent à travers ces billets, qui ont vécu ou vivent ces mêmes histoires ici ou ailleurs. C’est un bonheur de savoir que les mots que j’utilise, ne leur sont pas tout à fait étrangers. Un merci du fond du cœur à tous ces lecteurs, amis et simples curieux qui n’hésitent pas d’un clic à se retrouver sur mes pages. Il y a eu dans mes nuits d’inspiration de la réflexion pour dire à tout le monde, ce que je pense tout bas. Il y a eu aussi de l’autocensure parce que toute vérité n’est pas bonne à dire, surtout quand on est « étranger » dans un pays et considéré comme tel. Autour d’une table, quand il m’arrive de raconter mes billets « manqués », c’est à pouffer de rire. Mes interlocuteurs me demandent souvent, « pourquoi tu ne l’écris pas sur ton blog ? ». Par exemple, je n’aurais aucun mal à raconter les déboires de certaines émissions de télévision au Bénin. Mais, de là où je suis, il y a certaines critiques qui doivent mourir au tréfonds de son âme. On voit plus qu’on en dit. Question de survie ! C’est là que j’ai compris le sens d’être blogueur.

Et quid de cette famille ?
J’ai rencontré Sinath, une collègue béninoise de Mondoblog pour la première fois à une formation où nous avions discuté comme de vieux amis. C’est vrai, elle aime ça. J’avais déjà pris l’habitude de lire ses billets sur Mondoblog, où elle se déchaîne comme un beau diable. Ces événements qu’elle organisait au Bénin sur le blogging m’inspiraient beaucoup. C’est une vraie passionnée. J’avais de belles références sur la famille Mondoblog et l’équipe de RFI qui coordonne la plateforme. Elle parlait de ce petit monde avec beaucoup de tendresse. C’est comme ça que j’ai tenté aussi l’aventure. De billets en billets, j’ai connu cette famille. Depuis, elle s’est agrandie, avec des amis des quatre coins du monde. Aussi, des gens à qui j’ai parlé du concept y sont venus. Des gens qu’on meurt d’envie de rencontrer un jour, pour partager l’accent du français parlé au-delà de l’ambiance de l’écrit. Je n’étais pas au rendez-vous d’Abidjan pour la formation annuelle des Mondoblogeurs. Mais par le hasard des choses, Paris a permis de rencontrer l’équipe de Mondoblog et quelques amis et lecteurs de la plateforme. La vie est belle ainsi !


Les hommes de la politique, le problème béninois

Au Bénin, nous avons des problèmes économiques, politiques et de vision à long terme pour le développement. Ça, c’est ce qu’on savait. Mais de plus en plus, il apparaît plus que jamais que le Bénin a un problème d’homme (s). Ce sont les hommes de la politique.

Du chef de l’Etat au plus petit militant des partis politiques. Le premier a commis un crime : c’est de ne pas avoir une vraie vision pour le Bénin. Je me souviens encore de la marche verte contre la corruption aux premières heures du régime du changement en 2006. Le président de la République en sueur, ses ministres avec. Puis me reviennent avec insistance la rigueur annoncée dans la gestion des affaires publiques et les changements qui allaient suivre. J’ai rêvé d’un Bénin émergent comme tout le peuple béninois qui, un jour d’avril 2006, y a cru. Par contre, et c’est peut-être mon erreur, je n’ai jamais pensé que huit ans plus tard, je serais encore dans l’attente…

Mais Yayi Boni, a-t-il eu raison d’aiguiser l’attente des Béninois avant de les laisser tomber du haut de la montagne ? L’homme qui s’est toujours défendu dans ses débuts d’être un politicien s’est révélé, à mes yeux, celui de la pire espèce. Il a su dire aux Béninois, ce qu’ils voulaient entendre, s’attirer la sympathie de certains qui ne comprennent rien aux défis que notre République a à relever. Malheureusement, ils sont les plus nombreux. Il a fait des femmes et des jeunes dans leur ensemble, son instrument politique privilégié et des médias son arme de destruction massive. Et c’est comme si depuis 2006, mythes et mensonges se sont mêlés pour instaurer le culte de sa personne.

Source : lauroreonline.info
Source : lauroreonline.info

J’ai regretté depuis quelques années toutes ces promesses non tenues, tous ces scandales qu’il ne faut pas citer pour ne pas leur donner l’écho qu’ils ne méritent pas. Et ces événements  négatifs qui annulent les efforts isolés dans les deux mandats du président restent quelque chose de fort dans la conscience collective.

Il y a eu dans sa politique des comportements qui ne sont pas de nature à favoriser la démocratie.  Il a eu le pouvoir et l’a aimé de tout son cœur et de toute son âme. Avoir le peuple à ses pieds, la majorité des politiciens dans son camp, les dignitaires et têtes couronnées au palais, les jeunes instrumentalisés pour sa cause, les motards, les gardes du corps, les émoluments, les voyages. Rien n’a été impossible.

Je sens de plus en plus que la démocratie a mal comme si mon président, dans ses mots, la menace. Selon lui, les élections coûtent chères au Bénin et actuellement il n’y a pas d’argent pour les tenir. Faut-il en déduire que la Constitution ne sera pas respectée ? Je ne veux pas croire qu’on cherche des alibis pour contourner le texte fondamental de l’Etat de droit.  Stupéfaction totale et profonde amertume quand j’entends un argument aussi facile pour bafouer la démocratie instaurée au Bénin depuis 1990. Il y aura-t-il soulèvement populaire ? Ça reste mon vœu le plus cher !

Yayi Boni n’est pas le seul. Il y a dans son camp et ailleurs aussi des gens qui ont fait peur, des gens qui font peur. Ceux-là qu’il nomme à différents postes politiques et techniques de la République, car étant de son écurie. Ils sont de plus en plus nombreux à ne jurer que par lui. Et même leurs propres réflexions deviennent celles du président. Consciemment ou inconsciemment ? La logique de la sauvegarde de son poste les gouverne, alors qu’il ne s’agit en aucun cas d’un titre foncier qu’ils ont acquis. Pour conséquence, la prospérité partagée qui nous a été promise n’est qu’illusion. Et tout se passe comme si tout le monde voyait que les choses empiraient sans que personne ne cherche à en parler.

D’un autre côté, il y a ces hommes de la politique, à l’échelon le plus faible, qui constituent d’autres dangers pour la nation. Il n’y a pas de vision à long terme qui les intéresse. Il n’y a pas un avenir pour le Bénin autre que leur bien-être et celui de leur famille. Ceux-là, d’en bas, pour la plupart affiliés aux hommes d’en haut ont intérêt à ce que ces derniers restent. L’alternance est un mot qui les enrhume et leur donne la migraine. Leur intérêt, la bonne santé de leurs affaires et de leurs poches est ce qui compte. Ils sont prêts à tout par l’argent et pour le pouvoir. Ce sont les poisons de la République. Malheureusement, ils sont de plus en plus nombreux. Des lèche-bottes. Des apôtres du diable qui profitent du cafouillage total et s’activent pour que les choses restent en l’état. Mais le peuple béninois ne se laissera pas avoir. Dieu sauve le Bénin !


Un jeune, une vie, des livres !

Il y a ces moments où, on pense que notre vie n’aurait pas été la même si on n’a pas lu, relu, dévoré ces pages magiques ou même inhalé l’encre noire qui coule pile poil sur ces bouts de feuilles, dont seuls écrivains et éditeurs connaissent le secret. Il y a eu dans ces vingtaines, voire centaines de pages, des mots qui ont coloré notre émotion et enrichi notre savoir. Dans ces contes de fées aux sublimes épopées, le rêve était permis. Puis, Tintin et ses aventures aidants, on découvre la vie autrement. J’occulte volontiers, le meilleur des mondes possibles en amour dans les harlequins et les supers hommes des romans policiers. Et l’âge aidant, les récits lus ou à lire ne sont plus pareils. Mais il y en a qui, forcément, du haut de nos âges, ont transformé ne serait-ce qu’une seule de nos soirées en lune de miel.

Les témoignages de lectures qui suivent appartiennent à des jeunes des quatre coins du monde, métaphore de la diversité culturelle dans le livre, la bibliodiversité, célébrée chaque 21 septembre.

Zo Salvatore, Madagascar. Je n’ai pas trop d’exigence en matière de lecture sauf ces livres qui m’ennuient. Comme les films, tant que cela capte mon attention jusqu’à la fin et que c’est riche en suspens, j’apprécie. Mais les histoires émouvantes ont toujours été mes préférées. Alors voici mon top 5 :

1. Toutes ces choses qu’on ne s’est pas dites de Marc Levy zo

2. Un sentiment plus fort que la peur de Marc Levy

3. Et si c’était vrai… de Marc Levy

4. Quatre filles et un jean de Ann Brashares

5. Voyage au centre de la terre de Jules Verne

J’ai placé « Toutes ces choses qu’on ne s’est pas dites » en haut de ma liste car le lien fou entre un père et sa fille m’a vraiment impressionné. Il me rappelle ce sentiment fort qui me relie à mon père et tout ce qu’on a vécu ensemble. « L’histoire d’un premier amour – celui qui ne meurt jamais » comme le disait l’auteur, malgré les responsabilités de chacun surtout du père.

« Un sentiment plus fort que la peur » m’a donné le courage d’affronter les difficultés de la vie. Dans cet ouvrage, Suzie s’est mise à penser à quelque chose qui lui tient vraiment à cœur pour se donner du courage et utiliser tous les moyens pour sortir d’un profond trou sous les glaces d’une montagne. J’ai trouvé en « Et si c’était vrai… » l’envie de croire au grand amour et le vrai. « Quatre filles et un jean » m’a prouvé à quel point c’est formidable d’avoir des amis sur qui on peut compter. « Voyage au centre de la terre » pour moi révèle la magie du voyage, que ce que l’on découvre peut nous faire vivre.

 

Madina Sore, Burkina Faso. Je suis une grande dévoreuse de livres. Je lis un peu de tout avec une nette préférence pour ceux racontant des expériences, des vécus de personnages qui auraient beaucoup à apprendre aux jeunes d’aujourd’hui. J’ai aussi une fascination pour les romans d’horreur à la Stephen King, et les thrillers. Voici une liste de 5 romans qui m’ont touchée et que je relis régulièrement…

1. Azizah de Niamkoko de Henri CrouzatMadina

Tout simplement le premier gros roman que j’ai lu. Il m’a été offert par ma mère quand j’étais au collège. Je l’ai dévoré d’un trait. Le récit se déroule pendant la période coloniale, et raconte l’histoire d’Azizah, métisse née d’un père blanc et d’une mère peule.

2. Jamais sans ma fille de Betty Mahmoody

Ce roman raconte une histoire vraie. Celle d’une américaine mariée à un médecin iranien vivant aux Etats-Unis. Après la naissance de leur fille, l’homme leur propose une visite de sa famille en Iran. Arrivés là-bas, il les séquestre et les violente. Au final elles ont réussi à revenir chez elles, non sans grande peine.

3. L’art de la guerre de Sun Tzu.

Ce traité aurait été écrit au Ve siècle av. JC, mais son contenu s’applique dans notre monde d’aujourd’hui. A mon avis, un livre que doit posséder toute personne voulant réussir dans le monde des affaires.

4. Allah n’est pas obligé de Ahmadou Kourouma

Cet ouvrage qui raconte l’histoire d’un enfant soldat qui vit et pose des actes qui dépassent l’entendement, reste quelque chose qui m’a profondément marquée.

5. Sept jours pour une éternité de Marc Levy

Magnifique histoire d’amour, qui démontre que l’amour vrai est toujours possible peu importe d’où l’on vient.

 

Baba Mahamat, Centrafrique. Voici mon top 5 des ouvrages qui m’ont marqué :

1.   Les frasques d’Ebinto d’Amadou Koné

Entre les deux positions, se développe une attitude médiane qui, tout en s’effanant d’intégrer les arguments des deux bords, pense qu’il est possible de percevoir le Frasques dEbintopassé et le présent ou l’avenir, non nécessairement en terme de dichotomie, mais comme des systèmes complémentaires à certaines traditions. L’auteur semble souscrire à cette position intermédiaire. La tradition est très présente dans le tout premier écrit de l’auteur. Elle est déterminante quant à l’accomplissement de l’action des Frasques d’Ebinto.

2. Le dernier survivant des caravanes d’Étienne Goyémidé

Un extrait m’a marqué dans ce livre : « Ecoutez-moi, tous! J’ai châtié l’éléphant pour venger ma famille, mes amis, et tout le peuple des petits, des rampants des autres. Et j’ai tué l’éléphant pour vous prouver que, malgré votre force brutale, vous êtes aussi vulnérables que nous ».

3. Le silence de la forêt d’Étienne Goyémidé

Ce qui me frappe dans ce roman, au-delà du personnage central, c’est la masse de renseignements qu’il donne sur les Pygmées Babingas, au milieu de qui le héros est parti vivre.

4.   Les Illusions de Mongou de Pierre Sammy Mackfoy

Les lecteurs centrafricains connaissent bien Mongou, le héros de Pierre Sammy Mackoy qui découvrait la France dans «L’odyssée de Mongou» après, « Mongou Fils de Badjia ». Les temps sont passés et la Centrafrique a acquis son indépendance. Mais tout n’est pas réglé pour autant et les espoirs deviennent vite des illusions.

5. La trilogie de Kouta de Massa Makan Diabate

Dans « Le Boucher de Kouta », L’auteur a jeté les bases d’une littérature nationale malienne avec trois composantes : la fraternité de case où ceux de la même société d’âge s’aiment sans se témoigner ni respect, ni égards; l’islam cohabitant avec les croyances ancestrales, enfin et surtout, l’humour salubre. « Le Coiffeur de Kouta » et « Le Lieutenant de Kouta » composent également cette trilogie.

 

Mathieu Saurin BihanFrance. Grand adorateur de voyages, j’aime aussi les voyages littéraires ! Des histoires, vraies ou non, qui sortent de l’ordinaire, des histoires fascinantes, tragiques, des histoires humaines, j’aime ces genres de livres qui font voir des facettes différentes de la vie… Un top 5 de mes livres préférés est un peu compliqué, mais je vais tout de même m’efforcer à le faire !

1. Sur la route de Jack Kerouac.10599150_1535136173368958_1530202253317793997_n

L’histoire vraie de cet écrivain et de sa bande d’amis beatniks dans un voyage vers l’Ouest de l’Amérique, où folie, fêtes, alcool, décadence, drogue, et jazz/bop se rencontrent. Un livre qui nous dit de voyager avec la vie.

2. Clair de femme de Romain Gary.

Une histoire d’amour, certes, mais différente d’une histoire à l’eau de rose. « Clair de femme » s’intéresse à l’amour fou après la mort, quand l’être aimé vous quitte mais pas le sentiment. Clair de femme pose de nombreuses questions sur la mort. Un livre que j’ai dévoré tant par son poétisme que par son histoire troublante et poignante.

3. L’appel de la forêt de Jack London.

C’est l’histoire de la ruée vers l’or dans le Klondike, début du 20e siècle, narrée par un chien de traineau. S’engageant sur le côté absurde de cette ruée, avec toutes les mésaventures qu’ont pu connaître ces chiens, les hommes qu’ils trainaient, mais également, Jack London essaie ici de s’intéresser à ce qu’a pu être cette ruée pour un chien aimant la liberté, et pour qui ce voyage fait ressortir ses vieux instincts.

4. C’est beau une ville la nuit de Richard Bohringer.

Une histoire de l’acteur qui prend aux tripes, une rupture amoureuse qui se digère mal, et qui finit par l’alcoolisme, la dépression. A travers l’errance dans la ville, l’auteur nous raconte un instant de sa vie, où il a cru un moment ne plus s’en sortir, pour au final s’accorder quelques instants de voyages, de vie, de liberté. Une de mes dernières lectures, trouvé dans une brocante, et je ne la regrette vraiment pas.

5. La ballade de Lila K de Blandine le Callet.

L’histoire d’une jeune fille qui a vécu sa jeunesse un internat. Orpheline, mais avec quelques souvenirs de sa mère, elle se promet, à sa sortie du Centre, de partir à sa recherche…

C’est une de mes toutes premières lectures et c’est ce livre je pense, qui m’a donné goût à la lecture.

Violaine Pierre, France. Il y a des livres que j’ai beaucoup aimés et qui m’ont marquée. Leur point commun c’est que je les ai dévorés en très peu de temps. Mais les ressemblances s’arrêtent là. Pour le reste ce sont des livres divers, avec des auteurs de pays et d’époques différentes, et des types de livres opposés (plus léger avec Galvada, plus dramatique avec Primo Levi)une si longue lettre

1. Une si longue lettre, Mariama Ba

2. L’alchimiste de Paulo Coelho

5. Si c’est un Homme de Primo Levi

4. La promesse de l’aube de Romain Gary,

5. Ensemble, c’est tout de Anna Galvada

 

Djossè Tessy, Bénin. Dans la profusion des écrits, j’ai donné vie et sens à mes goûts. J’ai laissé le moi succombé au charme de l’amour, quel que soit les enjeux et les « jeux » qui s’y mêlent, ce charme qui foudroie dans les trames d’un récit, des personnages qui deviennent mes héros. J’ai reconnu dans mes larmes d’émotions, de joie ou même de tristesse le Roméo que j’étais et qui, dans l’inconnu de la force des mots, s’est laissé emporter par la folie du verbe. Ce sont les verbes de ces auteurs d’ici ou d’ailleurs qui, dans l’immensité de leur imagination ont illuminé mes quelques minutes de lectures, des moments d’inoubliables jouissances. Ces verbes transparaissent dans ces cinq ouvrages :roméo

1. Je reviendrai avec la pluie de Takuji Ichikawa

2. Roméo et Juliette de Shakespeare

3. Candide ou l’optimisme de Voltaire

4. L’atrabilaire amoureux de Molière

5. La secrétaire particulière de Jean Pliya

 


Tu me lis de l’au-delà

Je me souviens, il y a vingt-quatre mois déjà.

Au crépuscule de ma journée si courte,

J’ai appris que le combat était perdu,

Pour les disciples d’Hippocrate et pour toi.

Je ne me doutais que c’était la fin ,

© https://www.fleurir-une-tombe.com/
© https://www.fleurir-une-tombe.com/

Que désormais, les dés étaient pipés,

Que ton départ pour l’au-delà était imminent,

Et que la science, la prière et la magie ne pouvaient rien .

 

Pour toi, le moment est venu de soupirer,

Une dernière fois, pour toujours,

Sans en vouloir à la vie, à qui tu as tout donné,

Mais qui, en retour, t’a peu rendu,

 

Ce soir-là, je devais passer te baiser le front,

Mais mon visage se mouillait de larmes,

Assis à ton chevet, je tremblais de peur,

Et j’ai vu la vie s’en aller finalement là.

 

Papa, ce jour-là, j’ai manqué de hardiesse,

Je n’ai pas été aussi fort que toi,

Qui malgré toutes tes peines et tes douleurs,

Avait gardé ton sourire et de ta foi.

 

Malgré la tristesse que j’éprouve,

Je veux croire que tu es bien,

Là où, par le paradoxe de la vie,

Tu as été contraint à l’exil.

 

Que tu trouves dans la terre,

La fraîcheur qui t’a manqué tes derniers jours,

Que tu trouves dans ton repos,

Le sommeil raté de tes nuits.

 

Rassure-toi, je vais bien,

J’ai appris le courage par la force des choses,

Et j’ai chassé de moi la peur ,

Tu en serais fier, très fier.

 

J’ai écouté Jacky Rapon,

Ton préféré parmi tes disques,

Te souviens-tu ?

J’ai eu les mêmes plaisirs que toi !

 

J’irai aussi siffler une bière,

Ton loisir de luxe,

Et sillonner tes lieux de détente,

Tes tanières !

 

Papa, aujourd’hui,

Me ronge le souvenir de ton départ,

De notre adieu manqué,

Le 3 septembre,

 

Mais, repose-toi bien,

Dans l’espoir qu’un jour,

Nous nous retrouverons,

Pour trinquer à notre amitié !

 


Paris vs Alexandrie. 3 : preuve d’amour en public…

Quand on vit à Alexandrie, même sensibilisé, on n’a qu’une petite idée des effusions d’amour en public. Evidemment, il serait exagéré de dire qu’elles n’existent pas. Bien sûr, l’Alexandrin a un cœur qui peut battre pour l’être aimé, comme partout ailleurs. Mais où les jeunes peuvent-ils exprimer ce désir de l’autre et à quel degré ? A Paris, l’amour n’a pas de lieux…

(c) Wikipedia
(c) Wikipedia

Chez les jeunes Alexandrins, l’envie d’enlacer l’âme sœur est là. Dans la rue. Sur la corniche. Au musée. Dans les jardins. Sur la plage. On le sent dans leur complicité, dans leur proximité. Mais il y a comme une barrière que je ne veux pas dire religieuse, sociale ou culturelle. Mais plus qu’une barrière, un interdit. Un lourd poids qui pèse sur une jeunesse inspirée, en quête de nouveaux plaisirs, d’expériences nouvelles.

Dans les lieux publics, les amoureux se limitent à un profond sourire pour décrire les battements de leur cœur. Les plus téméraires sont bras dessus, bras dessous. Je ne sais pas ce qui peut leur arriver. Mais le regard des passants semble foudroyant. Certains amoureux n’hésitent pas à franchir le Rubicon, posent leurs lèvres sur le front de leur dulcinée et un large sourire renchérit le moment. Il n’est pas possible d’en faire plus.

La police sociale et morale que constituent les gardiens du temple est là. Elle interpelle ceux qui gênent les mœurs.  Ceux qui tentent de violer le haram pour leur bon plaisir. Ceux qui, dans l’extase de leurs sentiments veulent attenter à la pudeur. La société égyptienne n’autorise pas cette largesse. Pourtant, le symbolisme de ces lieux est fort, du moins à mes yeux. En effet, c’est les seuls endroits où les amoureux peuvent se rencontrer pour discuter, se sentir près l’un de l’autre et faire des projets. A priori, et selon ce que j’ai pu comprendre, les amoureux ne peuvent se rendre dans le domicile de la belle famille, qu’après le mariage. Question culturelle ? Si cette compréhension n’est pas erronée, les lieux publics représentent alors les seuls endroits où les amoureux peuvent se rencontrer.

Sous d’autres cieux, l’amour se vit autrement. Comme à Paris la belle. L’ambiance, la mode, le tourisme, le mélange de nationalités tout cela est presque affolant. Mais ce qui marque le plus, ce sont les amoureux. Le pont des Arts qui porte le lourd poids de ces cadenas scellés par des couples, en signe d’amour, est à mes yeux tout un symbole comme si l’amour choisissait ses lieux.

Il est aux environs de vingt heures. Dans l’empressement général dans les stations de métro, dans la rame qui déborde de monde, à deux centimètres de votre nez, ou encore dans l’attente sur le quai, des lèvres s’apprécient les unes contre les autres. Des amoureux profitent du moment sous le regard effacé (?) des autres gens. Dans un jardin, dans la rue, ils s’embrassent. Et leur instant devient mon instant. Un signe fort d’affection ? Ou juste une pratique qui s’est érigée en mode sociale ? Il n’y a pas la phobie de la police sociale. L’idéal alexandrin que j’ai connu jusque-là s’invite dans mes pensées de même que l’image des couples rencontrés dans cette ville.

Si je commets un crime à apprécier les effusions d’amour en public, que j’en sois condamné. Au Bénin, tout comme dans beaucoup d’autres pays du monde, la société est restée conservatrice. Pour certaines personnes, il est gênant de voir des couples s’embrasser en public. Et pourtant les baisers en eux-mêmes remplissent de nombreuses fonctions. Mais pour moi, là n’est pas le problème. Puisque chaque société a ses codes, sa philosophie de vie, je laisse aux Alexandrins les leurs, aux Parisiens les leurs aussi.


Paris VS Alexandrie. 2 : baptême de fer

Dans la ville d’Alexandrie en Egypte, les minibus assurent la majeure partie du transport des habitants. Ces véhicules jouent un rôle essentiel dans la vie des Alexandrins. Comme le métro pour les Cairois ou pour les Parisiens, ou encore les taxi-moto pour les Cotonois. Certes, les expériences sont diverses pour les usagers parfois anecdotiques, mais les acteurs des transports ont les mêmes importances sociales dans nos sociétés du Nord ou du Sud.

Etonnant chauffeur Alexandrin

Le mini-bus était devenu pour moi ma moto de Cotonou. A Alexandrie, ces véhicules pullulent dans la ville. Entre 12 et 15 places assises, ils sont pour plupart peints selon leur destination traditionnelle. Mais rien n’est sûr. Il faut toujours demander. Certains signes de la main échangés avec le conducteur, permettent de connaître la destination du véhicule. Difficile de les connaître à l’avance. Notre professeur d’arabe dialectal a dû nous l’enseigné. Sur les parkings ou au bord de la route, aux heures de pointe, c’est la croix et la bannière. Les plus forts physiquement passent. Les faibles, eux, poirotent des heures durant pour se faire une place. Vitesse de pointe, comme dans une course poursuite à la « Fast and furious », les conducteurs de ces bus sont les dieux de la route. Ils ne craignent pas d’indisposer les passagers quand ils fument leur cigarette telle une locomotive. Ils prennent leurs appels au volant, tranquille. La musique est au maximum de son décibel, combinés à des freinages subits à couper le souffle, c’est à faire une crise par monter d’adrénaline ! Mais c’est le moyen de transport de tous les jours, très bon marché où assis, il faut garder une certaine distance avec les femmes. Il arrive même que le chauffeur interdise à un homme de s’asseoir à côté d’une femme ! Bienvenue en Egypte…

Il était une fois… dans le métro au Caire

En mai dernier, j’ai fait l’expérience du métro Cairois. C’était ma toute première fois sur un chemin de fer. Ça n’a pas été sans hésitation. J’avais une préoccupation : comment se rendre au Consulat de France à Giza, une cité de la capitale ? Les Cairois à qui j’ai posé la question m’ont parlé du métro, avec insistance. Le métro ! Oui, le métro ! J’ignorais tout à fait que l’Egypte avait le métro, et tout de son fonctionnement d’ailleurs. Et pourtant, c’était le quotidien des Cairois. J’aborde quelqu’un dans la rue qui accepte de m’initier même s’il ne semble pas très emballer à l’idée de le faire. Je ne sais pas pourquoi. Il m’indique le guichet pour que je prenne le billet. Ça ne me coûte que 0,1 centime pour l’ensemble de la ligne. Autour de moi, il y avait un monde fou, tous aussi pressés que moi qui craignais d’être en retard à mon rendez-vous. Je prends mon billet et au moment de le valider, je me heurte au tourniquet. Dans la longue file d’attente derrière moi, les gens me regardent avec stupéfaction sans m’en tenir rigueur… Je leur faisais perdre du temps de toute façon. Mon souci restait que je ne savais pas où introduire le minuscule billet qui donne accès au quai du métro. Quelqu’un est venu m’aider alors que je m’en prenais à tort au tourniquet. J’étais en sueur. Et le monde qui était autour de moi me déconcertait. Finalement, je m’en suis tiré. Je suis prévenu qu’il faut que je garde jalousement le billet. Alors que je me pressais pour rejoindre le quai, une dame me fait signe de la main pour que je range comme il se doit mon portefeuille encore dans mes mains. Son avertissement est à prendre au sérieux. Je me suis vite ressaisi. Une fois dans le métro, celui a qui on m’a confié revient à la charge m’indiquant où  je dois descendre du métro. Il ne faut donc plus être distrait pour ne pas se tromper de station. A une gare, certains descendent et un monde fou rentre dans le métro. L’étau de personnes se resserre autour de moi. Une minute de panique et je vois certains toucher ou déplacer leur téléphone portable. Je fais aussi le geste pour mettre le mien aussi à l’abri. A la prochaine station, le métro se vide. Il était même possible de s’asseoir sur les quelques banquettes disponibles.

A Paris, le métro au quotidien

Quelques jours plus tard, je vais connaître l’expérience du métro parisien. C’est désormais mon quotidien. J’arrive à peine à intérioriser cette réalité. Crime de lèse-adaptation ! Il faut maintenant se familiariser avec la gamme d’offres que propose le Ratp (Régie autonome des transports parisiens). J’ai besoin d’un titre de transport (le « passe Navigo » comme on l’appelle couramment), d’une carte géographique de Paris et d’apprendre à utiliser le site du Ratp pour connaître les itinéraires à l’avance. Les stations sont correctement référencées avec les indications de lignes de transports ou encore de rue qui conviennent. Mais ce qui apparaît plus compliqué, ce sont les correspondances entre les différents moyens de transports : RER, transilien, bus, tram… et ses pieds aussi. Et, comme me l’a fait remarquer Sinath, Mondoblogueuse, « il suffit juste de savoir lire… ». Je me suis perdu plusieurs fois entre deux stations, mais ce n’est pas faute de savoir lire.

Metro-Paris

Neuf heures. Je me presse pour aller sur le quai du métro. Cette fois-ci, puisque je sais comment ça marche, je ne force pas le tourniquet. Juste derrière moi, quelqu’un me propose de passer avec moi parce qu’il n’a ni billet, ni titre de transport. J’accepte d’être son complice. De l’autre côté, un jeune, la trentaine environ, ne force pas trop son énergie. Il saute par-dessus les verrous pour ne pas perdre du temps. C’est sans compter la présence des contrôleurs, ces gens à l’allure géante, gilet vert qui font des vérifications inopinées. Ils me lancent leur traditionnel « monsieur, puis-je contrôler votre titre de transport s’il vous plaît ? ». Je me laisse contrôler. Non loin, un fraudeur tombe dans la maille. C’est 30 euros d’amende ; il semble bien connaître la règle du jeu… Les pas se pressent autour de moi. Quelques-uns n’hésitent pas à enchaîner des foulées. Le train approche. Non, il est là. Je saute in Il y a du monde. Le mélange de nationalités, de couleurs, de genres, d’odeurs est flagrant. Il y a une ambiance silencieuse. Des gens fermés sur leur téléphone portable pour passer le temps et l’ennui des moyens de transport, pour effacer leur regard de celui des autres. D’autres regards s’éteignent dans le vide pour tenter d’esquiver les autres regards qui peuvent les importuner. Des oreilles sont emballées dans des casques audio. Certains lisent un bouquin. Dans le métro, on ne se parle pas. Bon, c’est normal parce qu’on ne se connaît pas… Une SDF, son enfant au dos, vient troubler ce silence matinal. Elle dresse tout un chapelet de ses conditions misérables et demande aux passagers de poser quelques sous dans sa boîte. Il y en a qui donnent spontanément des centimes, un ou deux euros. Une fois encore, certains détournent leur regard. Au loin, deux tourtereaux s’embrassent. Hétéro ou homo, peu importe. A voir comment ils/elles s’y prennent, le regard des autres a surement quelque chose de stimulant pour eux. Le train va s’arrêter. On entend le vacarme du grincement entre les roues et les rails. Assourdissant ! A une station, le métro s’arrête enfin. Les sièges se vident et s’emplissent à nouveau…

Il y a des jours où l’ambiance est différente. Comme le vendredi, les week-ends, les jours fériés. Des musiciens investissent les couloirs menant aux quais, une petite caisse à côté pour recueillir les dons. D’autres, le métro lui-même. Certains passagers semblent apprécier le moment, chantent aussi avec les musiciens et n’hésitent pas quelques déhanchés. Il y en a aussi qui paraissent agacer par le délire et son bruit. Heureusement pour eux, le show ne dure que quelques minutes.  Ces jours-là, je les aime.

« Zémidjan » à Cotonou

Zém
Un dessin de Hector Sonon

Dans les trains ou dans les bus, il m’est arrivé de penser à Cotonou et à ses taxis-moto (appelé zémidjan). Ce moyen de transport populaire dans les villes du Bénin est incontestablement le moyen le plus utilisé par les béninois. Très efficaces, ces taximans connaissent tous les quartiers de la ville, à quelques exceptions près. Il suffit juste de leur donner une référence connue et le tour est joué. Les risques pour ce moyen de transport à deux roues existent et sont multiples.  Parce que certains conducteurs n’hésitent pas à prendre des chargements hors gabarit, roulent à toute allure au mépris du code de la route. Le prix se négocie à la tête du client. En costume, vous risquez de payer plus cher qu’en tee-shirt et bermuda. Aussi, le métier de zémidjan est devenu une solution précaire pour les jeunes qui pensent échapper au chômage. Et ils sont des milliers à abandonner les champs dans les villages pour investir les villes. Ils connaissent des fortunes diverses mais constituent surtout par leur nombre et leur situation sociale précaire, un outil pour les politiciens. Ce nombre n’est pas maîtrisé. Il n’est d’ailleurs pas possible de le maîtriser.

Mais qu’il s’agisse de motos, de trains ou de bus, les acteurs de ces secteurs ont un poids incontestable dans la société. On le mesure bien quand ils décident d’aller en grève. Suffisamment pathétique pour les usagers !