La nudité, une arme féminine explosive ?
J’ai essayé de fouiller dans mes souvenirs. Je cherchais juste une image. Une image d’hommes dénudés pour réclamer un droit. Pour s’indigner. Pour s’insurger. J’ai longtemps cherché dans ma tête sans rien trouver. Mais me disant que ma mémoire peut être assez courte, j’ai aussi fouillé sur Internet. Rien. Je fais le même exercice côté femme. D’ailleurs, rien qu’à voir l’actualité, plus besoin de se torpiller la mémoire, à chercher dans de vains souvenirs. Je me suis rendu compte que la faiblesse physique (à tort ou à raison) que l’on colle aux femmes n’est qu’une question de point de vue. Parce que les femmes, leur force peut être ailleurs. Dans leurs parties intimes dénudées.
Dans les pays arabo-musulmans comme l’Egypte, c’est rare de voir les femmes à moitié nues. Je vais plutôt dire qu’il n’y en a pas. La norme, c’est le voile qui serre la tête en descendant dans le cou. Pas de vêtement sans manche et le haut serre jusqu’au poignet. Le pantalon jeans est très usité. Et lorsqu’il y a un espace au pied que les chaussures ne comblent pas, le bas permet de le combler. Avec le hijab, il est juste possible de voir le visage et les mains. La burqa quant à elle couvre intégralement le corps de la femme. Chez d’autres femmes, le niqab laisse juste filtrer l’iris noir pointé sur la conjonctive blanche. En Egypte par exemple, les femmes ne se mettent pas en bikini à la plage. Même pour se baigner, elles se baignent avec leur voile.
Simplement lorsqu’elles s’habillent de façon légère, les femmes ont le don de choquer. Décolleté laissant percevoir le début des rondeurs logées sur la poitrine. Les mini-jupes qui cachent l’essentiel et laissent admirer les longues jambes bien entretenues et brillantes. L’élégance conduit des femmes à se hisser sur des chaussures à talons hauts et pointus qui façonnent leur allure devenant déconcertante. On m’a une fois dit qu’il y a des femmes qui adorent soutenir le regard des hommes par leur frime.
Pour protester, des groupes plus ou moins organisés de femmes utilisent leur corps. Elles se dénudent, montrent leurs parties intimes sur lesquelles sont inscrits des messages. Des messages de dénonciation des abus dont elles sont victimes. Elles espèrent provoquer le choc culturel. Le choc psychologique, notamment chez les hommes qui ne font rien pour changer leur situation. Elles espèrent indisposer par ces images qui vont circuler dans les médias et les réseaux sociaux pour créer le déclic. Elles veulent déranger. Déranger en montrant ce qui leur reste de plus cher lorsque dans le monde, elles sont victimes d’oppression et lésées dans leurs droits. Montrer leur indignation vis-à-vis de la servitude qu’elles subissent. Parce que, osons le dire, les personnes de sexe masculin se sentent les plus libres dans ce monde. Eux, ils ne portent pas le hijab, la burka ou encore moins le niqab. Ils se baladent en bermuda, en tee-shirt, sans s’attirer la foudre. Ils ne subissent pas la charia, ils l’a mettent en pratique contre les femmes. Le mouvement des Femen s’est rendu célèbre par ce mode d’action : montrer ses seins nus avec des messages sur le corps, des affichettes pour se faire entendre. Elles sont arrêtées. Elles sont emprisonnées. Leurs images créent le buzz. Leurs actions aussi. A Paris, à l’occasion de la journée internationale de la femme, sept femmes cette fois-ci entièrement dénudées ont mené une action foudroyante. Parmi ces militantes, on retrouve Amina Sboui, tunisienne, ancienne des Femen et des filles de l’Egypte, de l’Iran. Devant la pyramide du Louvre (un endroit choisi pour donner de la visibilité à leur mouvement), elles s’insurgent contre l’oppression dont les femmes font l’objet dans le monde arabo-musulman en brandissant des drapeaux notamment de l’Egypte, de la Tunisie, de l’Iran…
Lorsque la nudité constitue une arme pour certains mouvements féministes, il faut s’interroger sur l’impact de ces mouvements. Certes, en Europe où ces actions coup de poing se déroulent pour la plupart du temps, il y a des interdits. Mais le risque que courent ces filles est plus important dans les pays musulmans dont elles dénoncent la situation de la femme. Dans l’opinion, les avis des femmes elles-mêmes sont partagés. Certaines ne conçoivent pas ce qui peut amener une femme à montrer à la face du monde ses parties intimes. D’autres supportent volontiers ces actions. Ces mouvements ne connaissent pas encore un véritable impact sur la situation des femmes dénoncée. La réalité c’est que les femmes dans les pays arabo-musulmans sont malheureusement aujourd’hui encore soumises. Cependant, il faut voir dans le risque qu’elles prennent, dans leur envie de braver les interdits, une volonté manifeste de voir enfin s’améliorer la condition des femmes. Celles-ci doivent soutenir ces mouvements qui luttent pour leur cause commune.
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